Rivale

Elle avait cette nuque délicate et ce nez légèrement retroussé qui plaît tant aux hommes. Lorsqu’elle relevait ses cheveux en un chignon désordonné, toujours méticuleusement absorbée par son travail, elle ressemblait à l’une de ces nobles ouvrières de la peinture de genre, avec un air du sud de la méditerranée. Le problème apparaissait lorsqu’elle commençait à parler. Ses fins de phrases trainaient, non comme un accent, mais comme cette habitude qu’ont les bourgeoises de se donner un genre, justement. Voyelles trop rondes, fin de phrases en pente. Aussi s’exclamait-elle trop pour être sincère, et son petit théâtre du quotidien, pourtant jovial, invitait plutôt à la méfiance.