Longtemps, je me suis couchée l’après-midi. Une torpeur qui m’était imposée car je ne pouvais me résoudre de soumettre mes soirées à mon emploi du temps très matinal. Plus que des siestes, je faisais des demi-nuits, et me réveillais dans le coton du crépuscule et ses odeurs de cuisine, tout engourdie de ces rêveries étranges qui semblent s’intensifier lorsque l’on dort le jour. Il fallait alors lutter contre cette lourdeur, sans pareille, mais qui rappelle à l’imaginaire un genre de somnambulisme, où les perceptions deviennent fausses et s’auréolent d’une maladresse crasse, contre laquelle chaque minute qui passe, pour s’en défaire, doit mener un combat qui semble perdu d’avance. Il faut alors traverser sans rechigner cette vengeance, la fatigue, qui invalide momentanément corps et esprits trop présomptueux.