Petit calcul

La guerre n’est-elle pas tout d’abord cette sensation sourde, étouffée, qu’on ne reconnaît vraiment que lorsqu’elle fait grand bruit et force les activités? C’est une puissance sous cape tout d’abord, une retenue, avant d’être clameur au loin puis désastre assourdissant. La tension se faufile toujours peu à peu dans les interstices des gestes au quotidien. Remontrance à l’enfant, méfiance de l’étranger, petite jalousie, elle est toujours sape d’enthousiasme au départ.  Un malentendu en croissance continue en quête d’intensité. Or tout ce qui monte est voué à redescendre, comme une vague, la sève dans l’arbre, un désir. La contrer dans sa valeur est inutile: moins plus moins égal plus. Le positif remporte toujours l’addition. Pour résister à la guerre, tâchons de lui laisser tranquillement le temps de faire le calcul, sa volonté de puissance s’étouffera d’elle-même dans son absurdité.