Jour blanc

Elle était bien petite, sa main dans ma poche, et toute douce aussi. Habillée chaudement pour la balade, elle portait un pantalons en polaire maladroitement rentré dans de grosses bottes fourrées. Mais elle avait oublié ses gants et son bonnet à la maison, pas grave, elle n’avait pas froid. Nous étions sur l’allée bordée d’arbres nus qui longe le lac, où d’ordinaire la vue sur les montagnes était belle. Nous avons marché un long moment face au vent. Ça lui rappelait les pistes de skis. Le jour blanc, les joues qui piquent, sûrement. Elle n’aimait pas tellement quand on y allait trop tôt pendant les vacances, parce que la neige est trop dure le matin. Amusée, elle a constaté qu’il y avait plus de petits chiens en manteaux que d’enfants en promenade, et nous avons bien rigolé en voyant un monsieur courir en short, les jambes toutes rouges. Ses petits pas étaient un peu trop rapides, elle suivait le rythme, fière et droite, avec ce souffle sonore qu’ont les enfants et que recouvrent les vieillards.